17eme Roi Bamoun de la dynastie de Nchare Yen.
Il a régné vers 1892 jusqu'à sa mort en 1933, comme le montre la liste des dirigeants dont les règnes remontent au 14ème siècle.
Pendant sa minorité, sa mère Na Njapdnunke assure la régence, avec l’aide du grand serviteur Gbetnkom Ndombu.
À sa majorité en 1892, Njoya écarte Gbetnkom qui lève une armée. Une guerre civile ravage alors le pays jusqu'en 1895 et grâce à l’intervention du Lamino Oumarou de Banyo, Njoya garde son pouvoir.
Dès sa jeunesse, Njoya se montre intelligent et intuitif, il sait s'entourer d'intellectuels et d'innovateurs qui partagent sa vision.
Le sultan est rentré dans l’histoire pour avoir créé une écriture ex nihilo, le fameux alphabet Bamun appelé Shu-mom.
Celui-ci était au départ pictographique, quelques personnes, proches du souverain, devaient dessiner une figure ou un objet et lui donner un nom. La première version de cet alphabet comportait 510 signes, tracés sur des planchettes avec du charbon de bois ou du jus tiré d’une liane.
Cet alphabet sera modifié à six reprises au fur et à mesure de son utilisation et finira par atteindre 80 signes qui seront encore simplifiés par la suite, la dernière version datant de 1918.
Des dizaines de textes et d’ouvrages seront rédigés par la suite avec cet alphabet et l’administration royale l’utilisera jusqu’au début des années 30.
Le sultan écrivit un livre de médecine traditionnelle ainsi qu’une Histoire et coutume des Bamoun.
Les artistes calligraphes ayant collaboré à la création de cet alphabet sont les mêmes qui excelleront dans le domaine du dessin d’art, comme Nji Mama, Nji Fransawaya et Ibrahim Njoya.
Le sultan fait ouvrir des écoles où l’on apprend à écrire en Bamun et institue un bureau d’État civil où l’on enregistre les naissances, mariages, quelques recensements locaux.
Les jugements du tribunal royal y sont également notés.
C’est la naissance d’une véritable bureaucratie moderne. L’arrivée des Allemands en 1902 ne modifia guère la situation. Ceux-ci n’implantèrent pas d’administration coloniale à Foumban, estimant que le territoire est parfaitement administré.
Seule une mission protestante s’installera, ouvrant une école que fréquenteront les enfants du souverain et des autres chefs.
Le sultan Njoya fait construire en 1917 un magnifique palais royal, qui témoigne de son expertise en architecture. Aujourd’hui ce palais est classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Dès 1912, il fait lever la carte du pays lors d’une expédition qui durera 52 jours, achevée au début des années 1920.
En 1915, les Anglais remplacent les Allemands et cette même année, le sultan crée une religion nationale inspirée par une forme de syncrétisme entre islam, christianisme et religions traditionnelles. Les fondements de cette nouvelle religion sont écrits dans le Nkuet kwate (poursuis pour atteindre), texte qu’il signe et qui reprend la tradition malikite.
En 1916, les Français remplacent les Allemands. Les relations entre le sultan et le nouvel occupant se détériorent à partir de 1919.
En 1924, les pouvoirs traditionnels du souverain sont supprimés par les français et il est condamné à s’exiler à Yaoundé en 1931 où il est placé en résidence surveillée.
Il y meurt deux ans après.
Son fils, le sultan Seydou Njimoluh Njoya (1904 - 1992), lui succédera et restera sultan jusqu’en 1992.
Ibrahim Mbombo Njoya, né le 27 octobre 1937 à Foumban, est depuis 1992, le sultan des Bamouns au Cameroun
source bdzom Ch.Cassiau-Haurie