Les hommes les plus beaux, les plus riches, les plus nobles, les plus valeureux faisaient en vain leur cour.

En vain, ils déposaient fleurs et cadeaux à ses pieds, qu’elle avait menus et fins, reconnaissons-le, et
c’était soudain en les regardant comme si le reste du monde n’était peuplé que de palmipèdes.

Elle contemplait dans les yeux des hommes sa beauté hautaine et implacable. Une telle perfection
n’est pas de ce monde, pensait-elle.

Qui sont-ils tous pour se prétendre dignes de moi ?

Par orgueil, elle se mura dans le silence et ne prononça bientôt plus un mot. Etait-elle devenue
muette ?

Le roi au désespoir promit d’accorder sa main à celui qui saurait dissiper ce funeste
sortilège et lui rendre la parole. Mais les multiples tentatives de ses courtisans échouèrent les
unes après les autres. Ni les sacrifices ni les prières ne lui firent desserrer les lèvres.

Un jour, un lépreux se présenta devant la princesse. 
Il était vêtu de haillons comme si son habit
aussi avait contracté le mal hideux qui le dépouillait. 
Tout le monde alentour se mit à rire et se moquer.

- Comment ! Les hommes les plus beaux du pays, les plus riches, les plus nobles, les plus valeureux
n’ont su réjouir son cœur et lui rendre la parole, et toi, chien galeux, lépreux immonde, guenillard,
tu prétends y parvenir !

La fille du roi elle-même sembla se rembrunir davantage, mais le lépreux ne dit rien.

Il accorda à peine un regard à la princesse.

Il s’assit sur ses talons et commença à dresser un petit feu pour faire bouillir l’eau de son thé.

Il ne mit que deux pierres dans le foyer si bien que la théière mal assurée se renversa sur le sable.

Il l’emplit d’eau à nouveau, à nouveau il la posa sur les deux pierres, à nouveau elle se renversa.

Patiemment, il recommença, deux fois, trois fois encore et deux fois, trois fois encore la théière se renversa.

A la cinquième tentative, la princesse excédée s’écria :

- Mets donc une troisième pierre dans ton feu pour assurer l’équilibre !

Et c’est ainsi qu’une très orgueilleuse princesse épousa un lépreux".

Source: les proverbes africains : Facebook

Crédit photo : art of Kia kelliebrew